CARNET DE REVES

Il est suffisamment rare de trouver des magasins gérés par des aborigènes pour que ceux-ci le signale.
Sur ce panneau présent dans les rues d'Alice Spring, nous pouvons comprendre cette volonté d'autonomie
que les artistes aborigènes revendiquent, mais aussi leur volonté de s'intégrer dans un système, où, dans
ce cas, le touriste est à séduire.



Dominic Martin Tjakamarra
Rêve Péramèle à Tarkul
(vers Kiwirrkura)
Acrylique sur toile
91 x 61 cm, 1991


Munguna : trou d'eau

Chemins souterrains du peuple reliant les points d'eau.
A droite, Winpalku et Jitirrun.
Au milieu, Tarluk Yumari et Ininti
Warrku-warrku (lac), toutes sources potables.

Cette espèce de Péramèle (Bilby) a un très long nez et un plumet blanc en guise de queue que les hommes utilisent pour leurs décorations rituelles.



Corroboree (1885) décrit un rassemblement rituel et montre des figures drapées dans des capes d'opossum régulièrement alignées sur plusieurs rangs. Le souci de réalisme de Barak semble ici s'effacer derrière l'expressionde rapports très structurés entre les participants, qui reflète leurs relations sur le plan social et religieux.
Le peintre s'écarte de toute motivation interprétative, pour nous plonger dans une représentation d'un acte de la vie quotidienne.




Ce dessin provient d'un carnet de croquis de Tommy McRae, datant de 1890, représente une bande de danseurs accompagnés par un orchestre qui comprend un violoniste, un joueur de tambour chinois (que nous pouvons remarquer grâce à la forme des chapeaux).
Tout dans ce dessin, les vêtements, les instruments de musique, l'allure désinvolte des personnages et leur alignement sinueux suggèrent plus une fête de réjouissance qu'une fête rituelle.



Arone Raymond Meeks fait partie des artistes urbains de la première vague qui essaya les techniques les plus diverses. Leur référence était souvent traditionnelle, mais les supports variaient fortement. Boomerangs, tissus, peaux d'opossum... prenaient la forme de récits dérivant de voyages initiatiques. Lieu de guérison est un voyage lithographique à travers l'Espace-Temps du Rêve.


Le point de vue aborigène sur l'histoire et la société australienne constitue un des thèmes de l'oeuvre de Gordon Bennett. Son analyse de la culture contemporaine australienne lui sert de véhicule à une certaine forme de propagande. La juxtaposition constante dans son oeuvre d'images aborigènes et occidentales lui permet de donner à ses réalisations une signification nouvelle.
Dans cette chambre, la référence à La chambre de Vincent à Arles (Van Gogh, 1889) se mélange au corps décapité d'un aborigène, couvert de peintures cérémonielles. Il se tient debout au pied du lit, dominant d'un air menaçant deux têtes endormies que rien ne semble déranger. Le sang gicle de son cou et se perd dans les tourbillons de l'Etranger (1988)

En ayant formé le projet de mettre en peinture l'histoire aborigène pour sa famille, Robert Campbell junior se posa en commentateur social depuis la vie des aborigènes avant l'arrivée des européens jusqu'à la ségrégation idéologique. Dans Ambassade aborigène, Campbell rappelle un bref historique de cette tente, face à l'ancien parlement à Camberra, qui était (et est toujours) le symbole des revendications foncières de la communauté aborigène. Le récit repose sur une succession de séquences d'images. Les personnages y sont représentés nus, et ont pour référence les représentations de "rock art" de la Terre d'Arhnem. La richesse et la densité de la décoration de chacun de ses éléments donne au tableau une grande vitalité. La superposition géométrique horizontale et verticale des motifs rappellent ces traits gravés qui ornent les boucliers, les massues et les boomerangs des Koories, dans le sud-est de l'Australie.
Ainsi, Campbell utilise les motifs traditionnels dans une perspective figurative, et donne ainsi à l'oeuvre une force pédagogique remarquable.

Michael Eather est un Australien né en Tasmanie. Diplômé de la Tasmanian School of Art, il se rendra dans la Terre d'Arhnem. Son héritage et sa rencontre avec la culture indigène ont servis d'ingrédients à une alchimie de sensibilité et d'originalité.
Poète, sculpteur, peintre, il se définit comme un artiste de la réconciliation. L'exposition de son oeuvre à la Bellas Gallery de Brisbane en est un témoignage.
Spiritual earth est une représentation, façon "Ready Made", qui fait d'un globe un prétexte au serpent arc-en-ciel pour franchir les océans. Ainsi conclut-il ses Tales of skin and division qui commençait par cette sentence :
"Where there is no distinction between the politic and the beautiful."

Suite